«S’il vous plaît, dessine-moi un Freelance For good».
Alors, la tâche va être très compliquée parce qu’il y a plein de façon d’être freelance for good.
On peut décider de travailler pour des structures à impact, exclusivement ou non, accompagner des structures “traditionnelles” vers des modèles plus vertueux ou encore se former aux enjeux climatiques et sociaux.
Ce qui est certain, c’est que les freelances engagés qui rejoignent les rangs du mouvement Freelance For good ont quelques points communs :
- Ils et elles ont pris conscience de l’urgence climatique et sociale, grâce à un ou plusieurs « Declik » au cours de leur vie.
- Ils et elles ont fait bouger les lignes dans leur sphère personnelle en tendant à plus de sobriété dans leur façon de consommer notamment
- Et pour beaucoup, ils et elles continuent d’affiner leurs compréhensions des enjeux écologiques et sociaux et/ou se sensibilisent sur un sujet en particulier. Ex : La préservation des océans
- Enfin, les freelances for good essaient aussi, à la hauteur de leur disponibilité, d’engager des actions gratuitement pour des structures de l’économie sociale et solidaire.
Et notre constat, c’est que se former et s’engager quand on est ou quand on veut devenir Freelance for Good a plein de bienfaits.
Ce qui ne signifie pas non plus que c’est une obligation. On fait tous aussi en fonction de notre bande passante du moment, qui peut être fluctuante en fonction des événements de nos vie.
Cependant, comme on y voit un véritable intérêt, on voulait te proposer ici une éclairage sur le sujet de l’engagement, au delà de ses missions, quand on est independant ou indépendante.
Voici notre vision sur les bénéfices de l’engagement pour les freelances For Good, quelques conseils pratiques pour se lancer quand on ne sait pas par ou démarrer et enfin le témoignages de 3 freelances qui ont sauté le pas.
Faire du bénévolat en tant que freelance, plusieurs pistes possibles
S’engager sur le terrain
Aux éco-anxieuses et éco-anxieux, et on sait que vous êtes nombreux à nous lire, on a une bonne nouvelle pour vous.
Passer à l’action permet de s’apaiser un peu !
Alors, si en plus d’affiner ta compréhension des enjeux écologiques et sociaux, tu as envie d’aller sur le terrain, fonce !
Mais avant, voici quelques petites recommandations pour choisir ton terrain :
- Déterminer une cause qui te tient à cœur. tu vas dire qu’on radote, mais on t’invite à regarder les 17 ODD de l’ONU pour voir quel(s) objectif(s) te parle(nt) le plus et essayer de te concentrer sur ce(s) sujet(s).
- Faire simple pour toi : il faut parfois être partisan·e du moindre effort pour tenir dans la durée. On t’invite à privilégier des horaires et un lieu adapté à tes contraintes pro et perso.
- Ne pas s’emballer sur ta disponibilité. Ne sois pas tout de suite trop ambitieux sur ton volume d’heure et de jours disponible pour l’association que tu auras décidé d’aider. C’est souvent contre productif pour les équipes. Mieux vaut démarrer petit, et si tu vois que c’est possible pour toi, augmenter ton volume d’heures de bénévolat.
- Faire quelque chose qui appelle ta zone de génie : Tout le monde dit que tu as une super écoute, que tu as une énergie de dingue ou que tu es le roi de l’orga ? Essaye de mettre au profit de l’association les choses pour lesquelles tu excelles ou ce dont tu as besoin. Si par exemple, tu travailles dans un bureau, pourquoi pas privilégier des actions au grand air si tu en ressens le besoin ?
- Pourquoi pas se motiver à plusieurs : une idée qui semble fonctionner dans la communauté, c’est de se motiver à plusieurs. En famille, avec des potes ou des membres de ta communauté de pairs, devenir bénévole ou faire une action coup de poing à plusieurs permet d’allier le sens et le fun !
Enfin, le grand sujet, c’est comment trouver chaussure à son pied ?
Tu veux te rendre sur le site du gouvernement dédié au bénévolat, je veux aider.gouv
Ou alors, sur le site web de ta mairie, tu devrais trouver un répertoire voire un portail des associations de ta ville, ce qui pourrait te donner des idées !
Faire du mécénat de compétences
Un autre format intéressant quand on veut donner de son temps à une cause qui nous tient à cœur, c’est le mécénat de compétences.
On nous demande souvent la différence entre le bénévolat et le mécénat de compétences. Pour une entreprise, le mécénat de compétences, c’est la possibilité de mettre des collaborateurs à disposition d’un organisme d’intérêt général sur leurs heures de travail. Donc, toi, en tant qu’indépendant et indépendante, c’est la même logique (bon à la différence près que tu n’es pas payé par ton employeur à ce moment la):
- Tu mets à disposition tes compétences métiers à disposition de la structure
- Comme c’est toi le boss, tu peux décider de le faire sur tes horaires de travail (sous condition que ça ne perturbe pas tes missions en cours, sinon, tu risques de souffrir d’une surcharge de travail).
Il existe plusieurs plateformes qui mettent en relation les entreprises et les structures de l’impact comme Probonolab, Passerelles et Compétences ou encore Vendredi. Sinon, tu peux aussi avoir une démarche pro-active et proposer tes services gracieusement aux structures de ton choix. Elles seront sûrement ravies !
Là aussi, ne soit pas trop ambitieux sur le périmètre de ta mission pour être sûr·e de pouvoir tenir tes engagements.
Enfin, sur certaines formes juridiques, tu peux avoir un avantage fiscal associé à ce dispositif, qui correspond à 60 % du montant du don effectué en numéraire. Pour plus de détails, RDV ici.
Aiguiser ses connaissances et à son tour sensibiliser
Le premier niveau d’engagement que tu peux réaliser assez facilement, c’est de t’informer et de te former. Tu peux démarrer en effectuant une veille active via des médias dédiés au développement durable, ou une cause qui te tient à cœur et suivre quelques personnalités emblématiques, activistes sur ces questions.
Tu le fais déjà et tu aimerais aller plus loin ?
La deuxième étape selon nous, qu’on trouve riche à tout point de vue, c’est la sensibilisation.
Il existe aujourd’hui beaucoup d’ateliers d’intelligence collective qui permettent d’aiguiser sa connaissance des enjeux climatiques et sociaux.
- La fresque du climat et toutes les fresques amies : biodiversité, numérique, déchets, il y en vraiment beaucoup et souvent elles sont déclinées sur le format présentiel et en ligne. Si tu le peux, on te conseille de privilégier le format présentiel qui permet vraiment de profiter pleinement de l’expérience. Il y a aussi les Ateliers 2Tonnes et MyCO2 qu’on a testé au sein de la communauté et qu’on recommande chaudement !
Tu as déjà passé le cap et participé à différents ateliers du genre ? Ok, ok, alors la troisième étape c’est carrément de devenir toi-même animateur ou d’un de ces ateliers ou de te former de façon plus approfondie ! Tu vas avoir sur le site de Jobs That Make sense un grand nombre d’acteurs de la formation qui propose des programmes autour du développement durable sur des sujets très variés. N’hésite pas à t’y promener pour faire ta sélection !
Les bénéfices du bénévolat pour les freelances
En matière d’engagement, il n’y a pas de petites actions. Comme le disait Pierre Rabhi fondateur du mouvement Colibris « Il est vrai que c’est en initiant les plus petites actions que l’on amorce de grands changements. Le minimum n’est jamais méprisable.”
Tout ce qui te permettra de mieux comprendre notre monde et toutes les actions que tu mèneras auront forcément un impact, aussi minime soient-elles sur notre société. Au-delà de cet impact, il y a aussi des bénéfices pour toi, sans compter la joie et de la satisfaction que ça va t’apporter.
Soigner ton syndrome de l’imposteur
Les freelances for good qu’on accompagne souffrent parfois de ce sentiment d’illégitimité qui peut amener des émotions pas toujours évidentes à gérer voire de vraies difficultés à proposer ses services à un coût donné aux acteurs de l’impact. Mieux comprendre le secteur de l’impact positif, les enjeux de développement durable ou un enjeu plus spécifiquement permet de se sentir davantage à sa place.
Te permettre de gagner en crédibilité sur une cible ou un sujet précis
Imaginons que tu veuilles proposer tes services sur la rédaction éditoriale à des acteurs œuvrant pour la justice sociale. Une compréhension, voire une maîtrise de l’écriture inclusive ou encore l’accessibilité pour les personnes en situation de handicap peut par exemple constituer un atout et te permettre de crédibiliser ton approche.
Te constituer un réseau
Accorder un peu de ton temps à une association, quelque soit le format de cet engagement, te permettra de rencontrer d’autres bénévoles, des salariés de cette association, des partenaires, des bénéficiaires. Même si bien évidemment, tu ne le fais pas pour cette raison, tu vas quand même étoffer ton réseau dans le secteur de l’impact.
Obtenir une référence
Certaines formes d’engagement comme le mécénat de compétences peuvent même faire l’objet à l’issue de tes réalisations d’une référence. Si tu accompagnes une structure gracieusement sur une période et/ou livrable spécifique, tu pourrais même demander de pouvoir utiliser cette réalisation en référence, et ainsi avoir ta première référence dans le secteur de l’impact positif, ce qui sera un argument et un élément de réassurance pour tes futurs clients du même secteur. Ne pas hésiter d’ailleurs de demander un testimonial que tu pourras utiliser dans tes supports commerciaux et de communication.
Ils et elle témoignent de leurs expériences
Pour t’inspirer, on te partage en plus 3 témoignages de freelances for good qui nous parlent de leurs engagements respectifs. Laurent, Laura et Guillaume reviennent sur leurs expériences différentes mais toutes enrichissantes :
Pourquoi tu as décidé de t’engager ?
Laurent : Dans un projet de mobilité & transition professionnelle, je me suis laissé porter par des prises de contact et rencontres effectuées sur le terrain. L’envie comme beaucoup de se sentir utile et de faire du transfert de compétences au service de causes sociales et solidaires.
Laura : C’est une belle façon de continuer à s’exercer, surtout quand on se lance en auto-entreprise tout en aidant des organisations qui manquent de moyens. Ces structures ne feront pas appel à des prestataires dans l’immédiat mais ils ont pourtant besoin de se lancer. Je trouve que la démarche est gagnante pour tous.
Guillaume : Parce que je suis un miraculé de notre système d’orientation « à la française », qui t’enferme très (trop) vite dans des voies d’études assez fermées et avec des immersions en milieu professionnel tardives. Afin que les étudiant·es ne reproduisent pas les mêmes erreurs que moi, j’ai donc décidé de partager mon expérience et mes conseils dans le domaine de la communication et du marketing digital.
Comment as-tu choisi ton périmètre d’engagement ?
Laurent : Point de départ déclencheur, la participation à une Factory de Pro Bono Lab (organisme spécialisé dans le bénévolat et mécénat de compétences) pour aider une ONG, Positiv qui oeuvre dans la restructuration de son activité territoriale à Lyon. Cette structure a pour objectif d’accompagner les projets de création d’entreprise entre autres auprès de publics éloignés de l’emploi dans les QPV. Pro Bono Lab m’a proposé de les aider à faire l’analyse de leur étude d’impact en 2022 et d’intégrer leur comité stratégique en Auvergne Rhône-Alpes pour suivre les grands projets déployés. En participant à une autre mission, j’ai fait la connaissance d’une autre association Back to Earth et j’ai fini par rejoindre l’équipe de direction pour m’occuper plus spécifiquement du déploiement d’un Observatoire du Retour à la terre et de l’avenir des territoires ( et participer à l’animation d’un Hackathon lors de rencontres qui ont eu lieu à Clermont-Ferrand.
Laura : je dirais que c’est plus par opportunité que ça s’est décidée. Au début, je souhaitais aider des organisations qui œuvrent pour la protection de l’environnement et le changement de nos modèles de consommation ou des organisations de protection des animaux. Au final, la structure à impact pour laquelle j’ai proposé du mécénat de compétences est une structure que j’ai eu l’occasion de rencontrer sur mon secteur géographique (Toulouse). L’organisation a un besoin en conseil sur des thématiques de growth marketing assez criant, mais dispose de peu de fonds. Cette structure met en relation associations et personnes volontaires pour agir tout en changeant les codes du bénévolat. C’est un chouette projet pour renouer du lien social et solidaire qui a besoin d’un bon coup de pouce.
Guillaume : J’ai connu un peu par hasard la plateforme MyJobGlasses à son lancement, qui proposait de mettre en relation des jeunes avec des professionnel·es en activité sous forme de rendez-vous uniques. Le concept m’a plu car il me permettait de me placer dans une posture de « conseil » (les questions sont préparées par l’élève en amont de l’entretien) tout en conservant une totale flexibilité sur le degré d’engagement que je souhaitais. J’ai démarré avec plusieurs RDV hebdomadaires, pour finalement réduire aujourd’hui à 4 par mois maximum (chaque lundi soir). Cela représente 30 minutes d’échange par téléphone ou visio (plus rarement en physique), en plus d’un peu de temps pour répondre aux messages reçus et organiser les RDV. =
Qu’est-ce que ça t’a apporté ?
Laurent : Une vraie cohérence dans la définition de mon projet, la force d’un réseau de proximité, de la qualité dans nos échanges et dans l’enrichissement socio-culturel par rapport à l’économie sociale et solidaire.
Laura : L’occasion de travailler à la genèse d’un projet, des échanges sans la pression de la relation client/prestataire et un contrat (bien que ce n’était pas l’objectif initial) !
Guillaume : Un grand sentiment d’utilité, tout d’abord ! Je me sens investi d’une sorte de mission par rapport à mon vécu personnel de mes années étudiantes. Je ressens donc une certaine responsabilité à dire aux personnes avec qui j’échange : faites de l’alternance ou des stages longs, le plus vite possible dans votre parcours d’études, afin de s’assurer que la voie que vous suivez est bien celle qui vous ressemble !
Est-ce que tu y vois des bénéfices dans ta vie de FFG ?
Laurent : Alors que les enjeux au bout sont mineurs (une activité bénévole), on se prend au jeu et on s’engage, cela renforce notre confiance et cela constitue un bon tremplin pour ensuite « vendre » son activité à une clientèle éclectique avec toujours comme leitmotiv la création d’un ou plusieurs impacts. On apprend en permanence et on se nourrit des expériences, bons plans qui finissent toujours par inspirer sa propre activité auto-entrepreunariale.
Laura : Quand on veut démarrer des missions de Freelance for Good, je trouve que le mécénat de compétences est une bonne opportunité pour tisser des liens et comprendre les enjeux des structures pour lesquelles on a envie de travailler. Ça nous permet aussi de gagner en confiance, et de faire un premier pas dans le secteur de l’impact. Puis, on se retrouve à agir pour des actions qui sont en cohérence avec nos valeurs et notre professionnel.
Guillaume : Pour le moment, mon activité freelance est encore trop récente pour pouvoir en juger. Depuis que je me suis lancé en indépendant néanmoins, j’ai ajouté cette corde à mon arc lors de mes appels MyJobGlasses : j’évoque la possibilité d’être son propre patron, en donnant rapidement les quelques avantages et contraintes que ce choix représente. Mes interlocuteurs et interlocutrices sont rarement informé·es de cette possibilité qui attise souvent leur intérêt et leur curiosité lorsque je leur en parle !Et puis en bon militant de l’engagement, j’essaie de plus en plus de glisser un mot sur la notion d’impact du travail et la nécessité d’alignement avec ses valeurs fondamentales. Il y a quelques années, je leur indiquais des perspectives d’évolution de salaire… maintenant, je leur parle Revenu Induit par le Besoin.
Aurais-tu un conseil pour une personne qui souhaiterait se lancer à son tour ?
Laurent : Le monde est petit et rien n’est lié au hasard, c’est ma croyance même si au départ il y a eu beaucoup d’inconnues !!! Engagez-vous, c’est important pour votre bien-être et pour créer du lien sociétal.
Laura : Bien calibrer le temps qu’on veut accorder à des missions bénévoles. Il ne faut pas se leurrer, la survie de notre activité dépend de notre rémunération. On peut vite se retrouver à enchaîner des missions de mécénat, de mentorat, etc. Et oublier la partie où on doit trouver des missions rémunérées ! Selon moi, la clé est un échange transparent avec l’organisation qu’on va soutenir sur ce à quoi elle peut s’attendre en termes de réalisations et à quel rythme on apportera son aide.
Guillaume : Le plus important, c’est que ton expérience de mentorat soit un plaisir et non une contrainte (d’autant plus que ce n’est pas rémunéré !) Alors, comme n’importe quel engagement bénévole, prends bien le temps de définir le temps que tu souhaites y consacrer. Fixe-toi un volume d’heures par semaine ou par mois qui colle avec tes obligations professionnelles et familiales !
Pour terminer, on souhaitait aussi te parler du prix libre. Contrairement au bénévolat, mentoring ou mécénat de compétences, on n’est pas sur un principe de gratuité mais la contribution consciente peut-être un moyen de rendre accessible tes services à des structures engagées qui ont peut-être des moyens limités. On a tout un article dédié à ce sujet ici, si ça t’intéresse.
Voilà ! On espère que cet article t’aura inspiré et donner envie d’offrir un peu de ton temps à une cause.
Et si tu veux aller plus loin dans la construction d’une activité qui a du sens et de l’impact, tu peux rejoindre la prochaine promo de notre programme Freelance For Good, qui a lieu 4 fois par an. 6 semaines en collectif et en ligne pour devenir Freelance For Good.