Concrètement, qu’est-ce qu’un Freelance For Good ?
Pour découvrir des indépendant·es en quête d’impact qui font partie de la communauté Social Declik, on vous propose de les rencontrer ! Aujourd’hui, on vous présente Mathias Cabanne, Data Scientist et freelance engagé.
Hello Mathias, tu te présentes en 2 mots ?
Moi, c’est Mathias, je suis issu d’une formation d’Ingénieur. J’ai fait beaucoup de développement web, et, à la fin de mes études, je me suis spécialisé en data science.
Tu peux nous en dire plus sur la data science ?
La data science, c’est un peu comme dire « développeur ». C’est quelque chose de très très large, mais globalement c’est un métier qui consiste à préparer et exploiter les données afin de réaliser une tâche.
Par exemple, lors de mon stage, j’ai travaillé sur l’identification des panneaux de signalisation à partir d’images prises par un véhicule. Donc typiquement on a une image en entrée et en sortie on a l’image avec les positions des panneaux et leurs types. Comme par exemple « panneau stop » ou « panneau 50 ».
Une partie du travail de data scientist consiste à trouver les données, et parfois à les créer, par exemple en les annotant.
Dans le métier de data scientist, il y a une grande partie de mathématiques. Mais parfois, il arrive que le modèle ne fonctionne pas, donc il faut nettoyer les données et comprendre pourquoi ça ne marche pas.
Tu peux nous parler de ton parcours ?
J’ai fait 6 mois de stage puis 2 ans en tant que salarié. Dans l’entreprise où j’étais,on échangeait régulièrement avec d’autres collègues sur le sujet du numérique responsable.
La data science, notamment le deep learning, demande des quantités astronomiques de données et une puissance de calcul considérable.
Au quotidien, je manipulais des téraoctets de données et il n’y avait aucune réflexion sur l’impact de toute cette donnée, notament environnemental.
On a alors constitué un groupe de travail en interne sur le sujet, j’y ai appris beaucoup de choses. Mais j’ai bien senti que ce n’était pas la priorité de l’entreprise. Je ressentais un décalage de plus en plus grand entre mes préoccupations et ce que je faisais au travail. L’orientation très business rentrait en contradiction et en conflit avec mes valeurs, ce qui a créé une dissonance cognitive assez forte chez moi. C’est ainsi que j’ai décidé de démissionner.
Quels ont été tes « décliks » concernant les enjeux écologiques et sociaux ?
Je pourrais trouver un événement qui a déclenché un petit peu cette remise en question, mais j’ai globalement toujours été sensible à ces sujets-là. En école d’ingénieur, on a été assez sensibilisés car il y a des groupes d’élèves qui amènent le sujet sur la table.
Dans ma vie perso, j’ai toujours fait des efforts à ma petite échelle, comme arrêter de prendre l’avion ou manger moins de viande. Une fois qu’on a fait ces gestes, on se rend compte qu’on a fait notre part et après qu’est-ce qu’on fait ?
Ce qui m’a vraiment fait bouger, c’est une conférence d’Arthur Keller, où il présente de manière systémique le sujet et incite à changer les autres, à parler aux politiques, à ses amis, à sa famille, souvent par ignorance ou manque d’intérêt.
Quand et comment es-tu tombé dans le monde de l’impact ?
Je suis plutôt arrivé vers le For Good par le freelancing. En voyant le nom du programme Freelance For Good, je me suis dit que ça pouvait me plaire, comme j’avais déjà été indépendant. Finalement, je n’ai pas lancé à 100% en freelance car j’ai signé un CDD à 90%, mais j’ai l’envie d’augmenter progressivement cette part de freelance.
Quelles étaient tes attentes en rejoignant le programme Freelance For Good ?
J’attendais d’être entouré et d’avoir des gens qui sont dans la même démarche que moi car à ce moment-là j’avais besoin de ne pas me sentir seul.
J’ai trouvé un maximum de ressources. Moi qui étais au chômage, j’avais vraiment beaucoup de temps à y consacrer et j’ai pu vraiment approfondir les sujets et faire pas mal de visio avec les gens de la promo.
Qu’est-ce que tu retiens de ces 6 semaines de programme de formation ?
Ce que j’ai aimé, c’est la mise en action. On affine ce qu’on veut faire et l’impact qu’on veut avoir. Puis on cherche des structures et on essaie de les contacter. On se lance, on jete les bouteilles à la mer et on voit comment ça se passe. J’ai beaucoup aimé cette partie-là. J’aime beaucoup sortir de ma zone de confort. C’est motivant de ne pas être seul dans cette étape.
J’ai aussi aimé lorsque mené une reflexion et un questionnement plus approfondi sur mon « Pourquoi ». J’avais déjà commencé ma réflexion mais ça m’a permit de voir comment faire de façon plus structurée. En effet, il y a des méthodes pour trouver sa zone de génie, identifier où on se sent au bon endroit dans notre travail, dans notre vie, comment on se situe. On essaie à la fois de toucher tout ce qui est un peu personnel, nos convictions, nos valeurs. On touche aussi au professionnel, donc c’est assez complet comme programme, c’est agréable.
Après le programme, tu as rejoint la communauté. Pourquoi ?
C’était une volonté de garder le lien et le contact avec la communauté, même en dehors de la promo. J’ai eu la chance de rencontrer d’autres personnes de la promo précédente ou dans la communauté. C’était une volonté de continuer l’aventure, comme il y a souvent beaucoup de bons plans et d’événements, de choses qui circulent j’avais envie de garder contact avec certains.
Donc ce n’était pas forcément pour immédiatement trouver des missions. Avec mon CDD, j’ai moins cette urgence de trouver un job mais c’était surtout pour la communauté.
Et si tu devais résumer ton expérience en un mot ?
Il y’a un mot qui est venu naturellement, c’est le mot enrichissant.
Aujourd’hui, tu en es où ?
Actuellement, je suis en CDD de 6 mois à 80 % dans une boîte qui s’appelle Nona. Elle développe un logiciel permettant aux cantines collectives de gérer leur cantine de A à Z, de la conception des menus à la gestion des stocks, au passage des commandes, gestion des convives…
C’est vraiment un outil complet de gestion de cantines collectives, avec pour idée de leur faire gagner du temps et de les aider dans leur transition alimentaire. C’est-à-dire de végétaliser leur alimentation, de faire appel à des petits producteurs et de passer plus de temps à cuisiner et moins à acheter de produits transformés.
Donc je suis développeur web pour cette partie-là. Comme j’étais data scientist avant, j’ai un peu laissé la data.
Dans le domaine de la data, c’est assez compliqué de trouver des choses qui sont alignées avec mes convictions. C’est souvent des grosses boîtes qui recrutent pour faire de la détection de fraude, utiliser les données personnelles…
Des choses que je n’avais pas envie de faire à ce moment-là.
Ce que j’ai fait c’est que je me suis engagé au sein de l’association Data For Good. Actuellement, j’aide sur le projet Pyronear qui consiste à placer des caméras près des forêts et de détecter des départs d’incendie grâce à l’Intelligence Artificielle afin de prévenir les pompiers en quelques secondes. Ça me plaît beaucoup et ça me permet de garder la main sur la data.
En parallèle de ça, je fais une mission pour une autre boîte qui fait du direct producteurs, donc de la livraison en A pour B (du jour pour le lendemain) sur Paris dans des petits restaurants. Je les aide sur leur partie automatisation et peut-être à terme sur une partie de prédiction de commande. C’est en cours de discussion, mais ça fait un mois que je les vois assez régulièrement. Je peux continuer à utiliser la data pour faire des choses qui me donnent envie et je ne me sent pas obligé de faire des choses parce que c’est dans le cadre d’un contrat salarié.
Je suis très content de l’équilibre que j’ai réussi à trouver.
Évidemment comme je suis à 80 %, je fais 80% du salaire. C’était une question que je m’étais posée, mais j’ai considéré que c’était plus important pour moi d’avoir cet équilibre et cette liberté plus que d’avoir un salaire plus conséquent. Donc c’est un nouvel équilibre que je pense avoir trouvé.
Effectivement, au départ, je voulais me lancer en freelance directement, mais quand on vient de commencer on n’a pas forcément de l’argent de côté.
Et sinon, un objectif perso pour 2024 ?
J’ai signé un CDD de 6 mois. C’était un peu volontaire pour avoir un petit checkpoint pendant l’été.
Et dans 5 mois, je me reposerai la question et je verrai si cette situation me va toujours ou si je souhaite être en freeance à 100%.
Ce serait quoi TON conseil pour Data Scientist qui voudrait mettre du sens et de l’impact dans son job?
Si je devais m’adresser à un data scientist, je l’inviterais à s’intéresser à toute la partie cachée du machine learning. L’impact du cloud et des données d’entraînement, prendre conscience des ordres de grandeur de nos activités .
Il y a des chercheurs en data science qui publient des papiers et qui remettent en question l’explosion de puissance de modèle dans les dernières années. La data en général peut vraiment apporter énormément à l’ESS même s’il faut faire attention de ne pas tomber dans le solutionnisme. Les data scientistes sont capables d’apporter ces connaissances et la data for good est un bel exemple de comment est-ce que la donnée et la gestion peuvent avoir un impact énorme.
Découvre l’interview vidéo de Mathias sur notre chaîne YouTube.
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