S’inspirer de la permaculture dans son activité

Florine Gouget

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Le constat est accablant : nous sommes face à une urgence. Les sols se dégradent, les catastrophes se multiplient et s’intensifient, l’insécurité alimentaire devient de plus en plus prégnante. Il est urgent d’agir et de se mettre en action.

Thomas Wagner, de Bon Pote, dit que « Le changement climatique est une responsabilité commune et différenciée ».

On est tous·tes concerné·es mais on n’a pas forcément le même degré de responsabilité par rapport à notre position dans l’écosystème ou encore notre pouvoir de décision, entre autres.

La question qu’on peut alors se poser en tant que solopreneuse et solopreneur, c’est quel soin on a envie d’apporter à ses clients, à soi-même et à son écosystème via son activité ? 

Parce qu’entreprendre, c’est un biais d’accomplissement, de créativité, il est donc fondamental de réfléchir à l’intention et à son rapport à soi-même et au monde.

On parle alors d’entrepreneuriat conscient, une alternative à l’entrepreneuriat classique. 

Pour nous aider à remettre le vivant au cœur de nos projets, nous avons invité Justine Durochat pour une masterclass à destination de notre communauté.  

Justine, est à la fois entrepreneuse et exploratrice. Elle accompagne, entre autres, des entrepreneurs et des entrepreneuses engagés à développer des projets en conscience. Actuellement, elle s’est lancée dans une nouvelle aventure : partir à la rencontre de leaders engagés à travers l’Europe et l’Asie, pour mieux comprendre comment accompagner l’humain dans des transformations profondes au service du vivant

Et oui, la permaculture ce n’est pas qu’une question d’agriculture. Ceci n’en est qu’une branche.

La permaculture c’est une philosophie.

Photo d'un potager

Qu’est-ce que la permaculture ?

La permaculture a vu le jour suite au rapport Meadows, mis au point par des chercheurs du M.I.T.,  dans les années 70. Ce rapport met en lumière les impacts écologiques de la croissance économique et démographique. Il étudie plusieurs modèles de croissances et les tendances qui peuvent se dessiner. Et en effet leurs prédictions se sont avérées justes.

 Le rapport Meadows est aussi, d’une certaine manière, la source d’une prise de conscience et de la naissance de la permaculture. Imaginée aussi dans les années 70 par David Holmgren et Bill Mollison, ils la définissent comme telle :

« La permaculture réunit l’ensemble des idées, des compétences et des modes de vie que nous devrions redécouvrir et développer pour devenir des citoyens responsables et productifs, plutôt que des consommateurs dépendants ».

La permaculture c’est la culture de la permanence.

C’est se mettre en action pour un avenir soutenable. Ainsi, il faut s’adapter aux changements en proposant un modèle pérenne par rapport aux enjeux actuels de la société.

Et nous avons ce qu’il faut sous les yeux pour nous inspirer : la nature !

La permaculture c’est une philosophie de vie qui nous responsabilise et nous place dans l’écosystème avec un rôle à jouer. Ce n’est plus être à côté de la nature mais être avec.

C’est une approche pluridisciplinaire avec une dimension sociale, écologique, financière mais aussi un rapport à la santé et à la technologie.

Et oui, la permaculture ce n’est pas qu’une question d’agriculture. Ceci n’en est qu’une branche.

Les piliers fondateurs de la permaculture et comment l’appliquer à l’entrepreneuriat

La permaculture se fonde sur un certain nombre de piliers.

 C’est tout d’abord prendre soin de la terre, prendre soin de l’humain et garantir un accès équitable aux ressources et redistribuer les surplus. La permaculture est liée à la notion de « care », difficilement traductible en français.

 En plus de ces trois axes fondateurs, on distingue aussi différentes typologies de piliers :

 1. Démarrer par l’observation et comprendre les interactions

C’est rechercher l’alignement avec soi et l’écosystème et aussi comprendre le secteur dans lequel on met les pieds.

2. Être économe et régénératif avec les énergies et ressources

C’est arriver à se recentrer et utiliser nos propres sources d’énergie de façon optimale.

3. Produire de manière sobre et efficace

C’est avancer à petits pas et ne pas attendre d’avoir tout construit pour se lancer.

4. Être capable de s’autoréguler

Saisir les phases de ralentissement comme une opportunité pour grandir. Prévoir des espaces de respiration, des pauses.

5. Privilégier les ressources renouvelables et économiser

C’est trouver une organisation qui nous soit adaptée.

6. Ne pas produire de déchets

C’est nourrir son activité présente par le passé

7. Avoir de l’entreprise une vision globale

C’est prendre le temps de faire des bilans, voir ce qu’on a réalisé et planifier du temps pour prendre du recul

8. Nourrir des relations de coopération

C’est créer des ponts avec ceux et celles qu’on appelle de façon automatique des concurrent·es et aussi ses client·es

9. Progresser de manière durable dans le temps

Ne pas aller trop vite, prototyper et expérimenter aussi pour se réinventer en réduisant le risque. 

10. Valoriser la diversité

C’est ne pas tout mettre tous les œufs dans le même panier et diversifier par exemple ses sources de revenus.

11. S’ouvrir, se nourrir de l’extérieur

C’est être en quête d’intelligence et susciter la rencontre

12. Nous réinventer en permanence

C’est faire du changement une force

Et c’est aussi y mettre du fun et prendre du plaisir !

 3 axes pour appliquer la permaculture à sa vie d’entrepreneur·euse

À partir de ces 12 piliers, Justine nous invite à réfléchir sur 3 axes pour réellement s’inspirer de la permaculture dans son quotidien.

La permaculture t’invite à revoir ton rapport au temps et à tes ambitions :

L’échelle temporelle qu’on applique dans les entreprises est essentielle pour qu’on puisse obtenir un changement. Il faut passer d’une vision court terme à une vision long terme afin que nos activités deviennent vertueuses. Il y a un véritable paradoxe entre l’urgence d’agir par rapport à l’urgence climatique et sociale et la vision long terme que l’on pose pour notre activité.

Il est vital de se poser cette question : en tant qu’entrepreneur et entrepreneuse : où place-t-on notre intention et notre énergie ?

Il faut trouver un juste milieu entre la qualité nécessaire de ce qu’on offre et qui nécessite du temps et la réponse aux enjeux sociétaux qui doit aussi être rapide. Il ne s’agit pas d’une course effrénée contre le temps mais savoir où l’on place nos efforts et à quels degrés on incarne et on essaie d’agir au quotidien.

Il faut aussi clarifier les causes pour lesquelles on a envie de donner de l’énergie. 

 La permaculture t’invite à te développer en apprenant et à respirer

Jean-Paul Sartre disait que « L’engagement n’est pas un mot, c’est un acte ».

L’entrepreneuriat incarne cela. Entreprendre c’est se mettre en mouvement, c’est un état d’esprit et aussi une posture. Aujourd’hui les entrepreneurs et entrepreneuses ont un rôle à jouer dans notre société. Iels ont la capacité d’expérimenter, bâtir, apprendre etc.

L’entrepreneuriat ne veut pas non plus dire être en action permanente sans prendre en compte son écologie personnelle, ce qui ne sera pas au service de ses actions et de la pérennité de son activité. Il est essentiel de prendre en compte des cycles, tel que le suggère la permaculture. 

Privilégier les expérimentations par exemple, avancer à petit pas sans attendre que tout soit parfait. 

Il est important aussi d’exploiter les phases de décroissance et de ralentissement. Certes nous vivons dans une société qui valorise la croissance mais il est bénéfique de profiter de ces phases de creux. On peut en profiter pour contacter des prospects, créer du lien, se former, valoriser ses compétences, se nourrir des témoignages client·es, etc 

Cela replace notre responsabilité individuelle et où on se réapproprie ce principe d’auto-régulation. Et on change notre perception de l’échec qui peut aussi être instructif si on prend le temps de comprendre.

La permaculture t’invite à nouer des relations humaines vertueuses et un écosystème évolutif.

La permaculture s’inscrit dans une approche systémique.

En ce sens, il faut placer la qualité des liens au cœur de nos activités. Elle se retranscrit dans l’importance de la proximité avec nos partenaires, la transparence de notre activité, dans le partage régulier et la réalité de ce qu’on vit, la sécurité psychologique dans notre cadre de travail, dans cette dynamique de co-construction. Mettre dans ses relations de la diversité, ça correspond aux effets de bordure qu’on retrouve dans la permaculture.  

En conclusion, s’inspirer de la permaculture c’est une invitation à bâtir son activité en prenant soin de son écosystème, à son rythme et dans une volonté de pérenniser sur le long terme. Bref, on est loin des discours autour de l’hypercroissance, des licornes et de la deeptech.

Prendre du recul, s’ouvrir aux autres, garder son esprit créatif d’entrepreneur et entrepreneuse dans un monde qui évolue beaucoup, écrire un nouveau récit et réfléchir à sa propre définition de la réussite.

 Pour suivre les aventures de Justine dans son exploration des transformations profondes et durables d’entreprises, tu peux t’abonner à sa newsletter ici.

Et si toi aussi tu as envie de faire évoluer tes pratiques pour devenir un solopreneur ou une solopreneuse  conscient·e, rejoins notre programme de formation Freelance For Good. Un programme d’accompagnement de 6 semaines, en ligne et collectif pour développer une activité de freelance à impact positif !

Cet article a été rédigé par Florine Gouget, Graphiste et directrice artistique indépendante* et Declikeuse, à partir de la Masterclass de Justine Durochat.

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