Outils numériques responsables : par où on commence ?

Leslie Bourgon Kozak

|

La semaine dernière, on a assisté à une Kapsule, ces masterclass d’expert·es du secteur de l’impact, réservées aux membres de la communauté Freelance For Good. Celle-ci était animée par Yannick, qui accompagne les TPE et les structures du secteur associatif dans leur transformation numérique. Le thème : les outils numériques responsables. Cette kapsule a pour objectif d’aider les freelances à faire des choix éclairés concernant leurs outils numériques. Car quelque soit le métier, on utilise quotidiennement de plus en plus d’outils numériques pour créer, s’organiser, évaluer, même quand on ne travaille pas dans la tech

Un outil responsable, c’est quoi au juste ?

Yannick a commencé avec une petite anecdote perso. Au collège, en plein cours de latin, sa prof lui sort : « Tu verras quand tu sauras être plus responsable. »
Et bim. Le mot reste. Il creuse. En latin, responsable vient de respondere : répondre.

Un outil numérique responsable, ce n’est donc pas juste un logiciel écolo ou éthique. C’est avant tout un outil qui répond vraiment à un besoin. Simple. Évident. Et pourtant, trop souvent oublié.

👉 80 % des projets de transformation numérique échouent, parce qu’on commence par chercher un outil… avant de se demander pourquoi on en a besoin.

Revenir à son quotidien

Avant même de parler outils, Yannick nous a proposé un exercice tout simple :

Pose-toi la question : quelles sont les 3 tâches clés, vitales, structurantes, récurrentes dans ton activité pro ?

Celles que tu fais presque tous les jours, sans vraiment y penser.
Ça peut être : créer du contenu, gérer tes clients, faire de la veille, collaborer avec tes partenaires, suivre tes finances…

Une fois ces tâches identifiées, demande-toi :

  • Est-ce que j’ai vraiment besoin d’un outil tech pour faire ça ?
  • Est-ce qu’il simplifie mon quotidien ou au contraire, me fait perdre du temps ?

On se rend vite compte qu’on utilise plein d’outils « par habitude »… sans qu’ils répondent réellement à un vrai besoin, où que son usage impliquent des contraintes.

Une empreinte numérique plus lourde qu’on croit

On ne le voit pas, mais chaque outil numérique a un impact environnemental.

La fabrication

  • 75 % des ressources utilisées dans le numérique servent à fabriquer nos appareils (ordinateurs, téléphones, serveurs).
  • Avant même d’utiliser un outil, son empreinte est déjà énorme.

L’usage

  • Les data centers hébergeant nos outils ont besoin d’électricité… mais aussi d’eau pour le refroidissement.
  • Plus nos usages sont intensifs, plus on alimente ce cycle invisible mais très gourmand.

Des outils utiles pour évaluer l’impact

On te partage deux outils simples d’utilisation pour évaluer l’impact environnemental d’outils numériques. Il ne faut pas oublier qu’il y a aussi des impacts sociaux à nos usages numériques comme l’addiction, l’isolement, l’accroissement des biais cogniifs par les bulles d’attention …

  • EcoIndex : pour estimer l’impact environnemental d’une page web.
  • Ecologits : pour mesurer la sobriété d’une requête IA ou numérique.

Éthique, souveraineté : les questions qui piquent

Au-delà des questions environnementales, il y a aussi le sujet de l’éthique. Lors de cette Kapsule, on a réfléchi à une liste de questions à se poser pour nous aider dans la selection de nos outils numériques.

Qui édite l’outil que j’utilise ?

  • Où est situé l’éditeur ?
  • Quel est son modèle économique ?
  • Quelle est sa politique environnementale
  • Est-ce un service… ou un produit déguisé pour collecter de la data ?
  • Est-ce qu’il y a un label ou une certification ?

Que deviennent mes données ?

  • Est-ce que l’outil respecte le règlement général sur la protection des données (RGPD) ?
  • Que disent les conditions générales d’utilisations?
  • Est-ce que mes données sont utilisées à mon insu ?

Où sont stockées mes infos ?

  • En France ? En Europe ? Ou ailleurs ?
  • Chez un hébergeur engagé ou opaque ?

La domination des GAFAM ou de Meta pose des questions de monopole, de souveraineté, et même de démocratie. Mais tout ne se résume pas à tout refuser :
👉 Il s’agit de choisir en conscience, pas de viser la perfection.

Pas de culpabilité, mais de la lucidité

Yannick a insisté sur un point essentiel :

L’objectif, ce n’est pas de culpabiliser, ni de viser la pureté numérique. L’idée, c’est d’être lucide, et de faire des choix éclairés.

Chacun·e a ses contraintes : de temps, de confort, de budget.
Ce qui compte, c’est de faire le premier pas :

  • Remettre en question un outil
  • Revoir une habitude
  • S’interroger sur un usage

Une grille de lecture pour avancer

Pas de réponse unique, mais une méthode de discernement applicable à chaque outil :

  1. À quoi ça me sert vraiment ? Est-ce structurant, utile, vital ?
  2. Quel est son impact ? (écologique, mental, social…)
  3. Est-ce aligné avec mes valeurs ? (éthique, souveraineté, transparence)
  4. Est-ce que je pourrais faire plus simple ?

On peut aussi remplir une grille simple pour chaque outil :

OutilPoints fortsPoints faiblesAlternatives ?

🔎 Envie d’aller plus loin avec Social Declik ?

Participe à notre webinaire “Comment donner du sens à son activité ?”
Un moment d’échange pour explorer ton “pourquoi”, clarifier tes valeurs pro, et construire une activité freelance alignée avec tes valeurs.

Ça peut aussi t'intéresser

Freelance For Good

IA pour freelances : comment l’adopter sans trahir ses valeurs ?

Tu es freelance engagé·e et tu te demandes si tu devrais utiliser l’IA ? Spoiler alert : ce ... Lire plus

Freelance For Good

Pratiquer le slow marketing quand on est freelance : pourquoi, comment, avec quels outils ?

Tout est politique, notre marketing aussi. Marketing, le mot t’effraie peut-être, ou bien tu l’associes avec ce sentiment ... Lire plus

Freelance For Good

Rapport de durabilité : pourquoi l’ESS doit montrer l’exemple

Par Gilles Larvaron, coordinateur national ESS et membre de la communauté des Freelances For Good Face aux nouvelles ... Lire plus