Tu es freelance engagé·e et tu te demandes si tu devrais utiliser l’IA ? Spoiler alert : ce n’est plus vraiment une question de « si », mais de « comment ». Et bonne nouvelle, il est tout à fait possible d’intégrer l’intelligence artificielle dans ton quotidien tout en restant aligné·e avec tes valeurs.
La preuve ? Au sein de la communauté Social Declik, on en débat activement depuis des mois. Lors du festival Off Freelance For Good le 14 octobre dernier au TLM à Paris, Ambre Danquigny, fondatrice de Comia (une agence qui accompagne les associations à intégrer l’IA de manière responsable), a animé un atelier qui a fait émerger plein d’idées pratiques. On te partage tout ça ! 💡
Comprendre les impacts avant de foncer tête baissée
Avant de te lancer, parlons d’abord de l’éléphant dans la pièce : l’empreinte écologique et sociale de l’IA. Parce que oui, derrière chaque réponse de ChatGPT, il y a des serveurs qui chauffent (littéralement).
L’IA, ça consomme quoi exactement ?
Les chiffres donnent le vertige. L’entraînement d’un modèle comme GPT-3 représente l’équivalent carbone de 300 vols aller-retour Paris-New York. Les data centers qui font tourner ces IA consomment aujourd’hui environ 1,4% de l’électricité mondiale, et ce chiffre pourrait tripler d’ici 2050 si on ne fait rien.
Mais ce n’est pas que de l’électricité : Google a augmenté sa consommation d’eau de 17% en 2023 rien que pour refroidir ses équipements. Sans parler des métaux rares (cuivre, terres rares) extraits dans des conditions sociales et environnementales souvent catastrophiques.
Comment s’informer sans tomber dans le green-washing ?
Pour développer ton esprit critique sur ces sujets, plusieurs ressources peuvent t’aider :
- La Bataille de l’IA : un jeu de cartes collaboratif créé en partenariat avec Data For Good et l’association Latitudes. Parfait pour débattre de l’impact environnemental de l’IA de manière ludique.
- Les rapports officiels : l‘ADEME et l‘Arcep publient régulièrement des études sur l’impact du numérique. Le « Référentiel général pour l’IA frugale » est une mine d’or pour comprendre comment mesurer et réduire l’impact environnemental.
- Des livres accessibles : « Intelligence artificielle et environnement : alliance ou nuisance ? » d’Arnault Pachot chez Dunod, ou encore le module pédagogique « IA et Environnement » du Café IA.
Les opportunités (oui, il y en a !)
Maintenant qu’on a posé le contexte, parlons concret. Pourquoi tant de freelances s’y mettent ?
Gagner un temps fou sur les tâches répétitives
👉 L’IA peut t’aider à :
- Rédiger tes premiers jets, tes mails, ou structurer tes propositions commerciales
- Faire ta veille sectorielle en synthétisant des dizaines d’articles en quelques secondes
- Organiser ton planning et prioriser tes tâches
- Traduire tes contenus sans passer par un traducteur automatique basique
Booster ta créativité
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’IA n’est pas là pour remplacer ta créativité, mais pour la stimuler. Elle peut te sortir de la page blanche en générant des idées nouvelles, des angles différents, des concepts que tu n’aurais pas explorés seul·e.
Te professionnaliser davantage
L’IA peut améliorer la qualité de tes livrables : relecture fine, structuration d’un document, suggestions de formulations plus percutantes. C’est comme avoir un·e collègue de relecture disponible 24/7.
Te positionner comme « freelance augmenté·e et conscient·e »
En maîtrisant l’IA de manière éthique, tu te différencies sur le marché. Tu montres à tes clients que tu es à la pointe des outils, tout en restant responsable. C’est un vrai argument de vente auprès des entreprises engagées qui cherchent des prestataires alignés avec leurs valeurs.
Les risques à ne pas sous-estimer
Bon, soyons honnêtes. L’IA, ce n’est pas la solution miracle à tous tes problèmes de freelance.
La dépendance aux plateformes : Tu deviens captif d’un outil propriétaire. Si demain ChatGPT augmente ses prix ou change ses conditions d’utilisation, tu fais quoi ? Si tu délègues trop à l’outil, tu risques de perdre ta patte, ton style, ce qui fait de toi un·e professionnel·le unique. L’IA peut formater ta pensée si tu ne fais pas gaffe. Et puis franchement, relire 15 fois une production d’IA pour qu’elle sonne « humaine », c’est pas toujours un gain de temps.
Les biais et la désinformation : L’IA « devine » plus qu’elle ne sait vraiment. Elle peut inventer des sources, perpétuer des stéréotypes, ou te donner des informations complètement fausses avec une assurance déconcertante. Fact-checking obligatoire !
Les questions de confidentialité : Attention danger ! Quand tu colles des données clients ou des infos confidentielles dans ChatGPT, elles peuvent servir à entraîner le modèle. Bonjour les problèmes avec le RGPD et la confiance de tes clients.
L’impact écologique (encore) : Chaque requête a un coût. Une simple question sur ChatGPT génère presque deux fois plus de CO2 qu’une recherche Google. Multiplié par tes dizaines de requêtes quotidiennes…
Le flou juridique : Qui est propriétaire d’un contenu généré par IA ? Qui est responsable en cas d’erreur dans une production assistée par IA ? Les zones grises sont encore nombreuses.
Comment adopter une pratique éthique de l’IA ?
C’est LA question centrale. Voici les principes qui ont émergé de l’atelier d’Ambre et des discussions au sein de Social Declik.
Pose-toi toujours LA question
Avant chaque utilisation : « Est-ce que j’ai vraiment besoin de l’IA pour cette tâche ? » Si tu peux faire sans, fais sans.
La sobriété numérique, ça commence par ne pas utiliser un outil énergivore quand ce n’est pas nécessaire.
Choisis tes outils avec soin
Tous les outils d’IA ne se valent pas. Voici quelques critères pour faire ton choix :
- Respect du RGPD (c’est la base !)
- Transparence sur l’impact environnemental
- Politique claire sur l’utilisation des données
- Localisation des serveurs (privilégier l’Europe)
- Modèles open source quand c’est possible
Apprends à bien prompter
Un bon prompt = moins d’allers-retours = moins de consommation énergétique. La formule magique ? Objectif + Contexte + Contraintes + Sources.
Exemple de mauvais prompt : « Fais-moi un article sur l’écologie »
Exemple de bon prompt : « Je suis consultant·e en RSE et je dois rédiger un article de 1000 mots pour le blog d’une PME engagée. Objectif : expliquer la différence entre bilan carbone et analyse de cycle de vie. Ton pédagogique et accessible. Public : dirigeant·es de PME sans expertise environnementale. Sources à intégrer : méthodologie Bilan Carbone de l’ADEME, norme ISO 14040. »
Tu vois la différence ?
Les outils recommandés par les freelances engagé·es
D’après Ambre Danquigny, voici les outils qui sortent du lot en termes de performance ET de transparence :
- Pour la recherche : Perplexity (qui cite ses sources, un gros plus pour éviter les hallucinations)
- Pour l’analyse : Claude (oui, celui avec qui tu discutes peut-être en ce moment !)
- Pour les images : Sezam (une alternative plus éthique à Midjourney ou DALL-E)
- Pour la rédaction : FrugalGPT, Mistral (français !), ou Dust
- Pour les réunions : Noota (pour automatiser les comptes-rendus sans perdre ton âme)
L’idée, c’est de tester plusieurs outils en fonction de ton besoin spécifique avant de t’engager avec l’un d’entre eux. Et surtout, de bien définir en amont ce que tu cherches : gain de temps ? qualité de production ? respect de la vie privée ? Et maintenant, tu fais quoi ?
L’IA pour les freelances, ce n’est ni le diable ni la solution miracle. C’est un outil puissant qui peut t’aider à être plus efficace, plus créatif·ve, plus pro… à condition de l’utiliser avec discernement.
Chez Social Declik, on croit fermement qu’il est possible d’être un·e « freelance augmenté·e ET conscient·e ». Que tech et éthique ne sont pas incompatibles. Que tu peux adopter l’innovation sans renier tes valeurs.
Alors, prêt·e à te lancer ? Commence petit, teste, ajuste, partage tes expériences avec la communauté. Et surtout, garde ton esprit critique activé ! 🚀
Tu veux aller plus loin ? Rejoins la communauté Social Declik pour échanger avec d’autres freelances qui se posent les mêmes questions que toi. Parce qu’on avance mieux ensemble.
📚Sources et ressources pour aller plus loin
Rapports et études officiels :
- « Evaluation de l’impact environnemental du numérique en France et analyse prospective« , ADEME-Arcep, 2022
- « Référentiel général de l’écoconception des services numériques« , ADEME-Arcep, 2024
- « Les impacts de l’IA sur l’environnement« , INRAE, 2024
- « L’empreinte environnementale de l’IA – aujourd’hui et demain« , Deloitte, novembre 2024
Articles de référence :
- « L’insoutenable coût écologique du boom de l’IA« , Reporterre, juillet 2024
- « Intelligence artificielle : le vrai coût environnemental de la course à l’IA« , Bon Pote, septembre 2025
- « L’Impact Écologique de l’Intelligence Artificielle », HEC Montréal, mars 2024
Outils pédagogiques :
- La Bataille de l’IA (jeu collaboratif – Data For Good + Latitudes)
- Module « IA et Environnement », Café IA (en partenariat avec l’ADEME, l’Arcep, ECOLAB, Inria, Sciences Po et Telecom Paris)
- « Livre blanc IA générative« , Data for Good, juillet 2023
Livres :
- « Intelligence artificielle et environnement : alliance ou nuisance ? », Arnault Pachot, Dunod
- « Les prophètes de l’IA« , Thibault Prévost
Expertise partagée :
- Atelier « IA éthique pour freelances » animé par Ambre Danquigny (Comia), Off Freelance For Good, 14 octobre 2024, TLM Paris
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