Biomimétisme : le Vivant, votre allié

Adelaïde Malthet

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L’art de s’inspirer du vivant pour innover, c’est la définition qui nous vient naturellement à l’esprit pour désigner le biomimétisme.

Un exemple emblématique est l’invention du Velcro (le fameux scratch), dont les fabuleuses propriétés d’accroche imitent astucieusement les fruits de la bardane, ces petites boules piquantes qui s’agrippent à nos chaussures, pantalons et animaux lors des balades en forêt.

Mais saviez-vous que le biomimétisme va bien au-delà de l’ingénierie ? C’est aussi une démarche, une approche philosophique et une éthique applicable à de nombreuses disciplines !

Photo d'une forêt vu d'en bas

Emmanuel Delannoy, expert de ce sujet, crée des ponts entre la nature et l’économie à intention régénératrice depuis plus de 20 ans. Lors de la Kapsule intitulée “Biomimétisme : le Vivant, votre allié”, il nous a partagé sa posture et son regard sur le Vivant. Il nous a invités à percevoir différemment notre relation avec la nature et à revoir la formulation des problématiques qui nous touchent afin de trouver des solutions durables compatibles avec la nature.

L’intervenant : Emmanuel Delannoy

Emmanuel décrit son sujet d’étude comme « l’ensemble des zones de friction entre la nature et l’humain, la nature et l’économie« , réflexion qu’il nourrit depuis plus de 20 ans à travers différents prismes : les modèles économiques, les dépendances, le biomimétisme, la permaculture et l’économie régénératrice.

Il a lancé la Fresque de l’Économie Régénératrice avec Séverine Fantapie. Il est également l’auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels :

  • L’économie expliquée aux humains : pour parler de l’économie et des humains en donnant la parole à la biodiversité
  • Permaéconomie : pour une économie à réciprocité qui prend soin des humains ET de la planète, en réinvestissant dans les communs écologiques
  • Biomiméthique : s’inspirer du Vivant pour inventer une nouvelle éthique de notre rapport au Vivant
  • Les turbulents: recueil de poèmes illustrés par Chloé Lequette, également experte en biomimétisme

Emmanuel est aussi très impliqué dans les sujets de la biodiversité à travers des ONG comme Humanité et Biodiversité et le Comité français de l’UICN.

Qu’est-ce que le biomimétisme ?

Le biomimétisme ne repose pas uniquement sur l’observation des formes et des structures, c’est aussi un ensemble de stratégies pour agir et penser différemment.

Le biomimétisme désigne la manière dont, en observant les systèmes vivants et leurs propriétés, nous pouvons aller chercher l’inspiration pour des solutions durables aux problèmes auxquels nous sommes confrontés. . Au-delà, il est aussi une philosophie qui invite à reconsidérer notre relation au vivant et la place que nous lui accordons dans nos sociétés.

Source : Biomimicry Institute

D’après Emmanuel, le biomimétisme, c’est apprendre à poser une question. Que va-t-on demander à la nature comme source d’inspiration ?

Comprendre le Vivant

La grande famille du Vivant

L’arbre généalogique de la famille du vivant est représenté sous la forme d’un buisson foisonnant, avec au centre la première cellule vivante, nommée LUCA (Last Universal Common Ancestor). Il s’agit de plusieurs milliards d’années d’évolution.

La Vie ne se dirige pas nécessairement vers le plus complexe

La biodiversité repose en grande partie sur des microorganismes unicellulaires, à travers lesquels passent les flux de carbone, d’azote et du cycle de l’eau. L’homéostasie du système planétaire dépend encore largement de ces microorganismes, qui représentent le mode de vie dominant sur Terre aujourd’hui.

La dynamique de relations entre les espèces

De façon invisible, ce sont d’abord les relations entre les espèces, du niveau moléculaire jusqu’au niveau de l’écosystème, et leur co-évolution qui sont essentielles à cette homéostasie.

Le Vivant passe son temps à fabriquer de la diversité

À l’origine de cette diversité, la « photocopieuse » du vivant (la réplication de l’ADN) commet parfois des erreurs. Le mécanisme de reproduction de l’ADN génère des erreurs aléatoires, créant ainsi des variants, sources de possibilités d’adaptation. Les variants favorables sont alors sélectionnés, permettant au système de devenir plus adaptable et résilient.

L’économie à intention régénératrice inspirée du Vivant

Le biomimétisme représente une base de données de 4 milliards d’années de connaissances en recherche et développement cumulées. De quels principes nos économies et entreprises pourraient-elles s’inspirer pour devenir plus résilientes et régénératrices.

Économiser de l’énergie 

Le vivant sait déployer des stratégies d’économie d’énergie :

  • Éviter la concurrence grâce à la spécialisation de niche
  • Coopérer : en travaillant ensemble, on peut s’adapter à des conditions de vie où aucun ne pourrait survivre individuellement

La biodiversité

Le constat est sans appel : les systèmes uniformisés de nos modes de vie réductionnistes sont plus fragiles. Par exemple, un champ de blé ayant le même patrimoine génétique disséminé sur des hectares est très vulnérable. Un agent pathogène peut s’y propager extrêmement vite.

Les ressources de la planète sont aujourd’hui accaparées par une seule espèce : l’humain. L’impact de l’activité humaine dépasse les capacités de la biosphère. La biodiversité s’effondre à un rythme 100 à 1000 fois supérieur au rythme normal d’extinction. Or, plus on diminue la biodiversité et les interrelations au sein de l’écosystème, plus on fragilise l’écosystème et donc aussi les conditions de vie des humains.

L’intensité informationnelle

Contrairement à notre monde technologique qui puise dans les ressources (gratuites) de la nature, les écosystèmes passent leur temps à échanger de l’information, ce qui leur confère résilience et une grande sobriété en énergie et en matière. Miser sur des matériaux abondants et sur l’information est une façon pour le Vivant de compenser sa faible efficience énergétique. En effet, le rendement de la photosynthèse est d’à peine 1%, auquel on ajoute la dispersion d’énergie sous forme de chaleur.

Tout produire et recycler sur place

Ce n’est pas une forêt, c’est une ville ! Tout est fait sur place : la production et la distribution d’énergie, le stockage et le recyclage de l’eau, ainsi que la production des matériaux dont elle a besoin à partir de ses propres déchets. Cette ville inclusive offre un habitat à de nombreuses espèces.

La forêt dispose d’une remarquable infrastructure de communication, comparable à notre internet. Au sous-sol, le réseau micellaire forme une véritable toile d’informations. Les phéromones, quant à elles, sont un peu le WiFi du vivant.

La résilience, c’est ensemble

Comment le vivant fait-il face aux crises à venir ?

  • Diversité : génétique, dans les relations
  • Capacité d’autonomie et d’auto-organisation : décentralisation, autonomie, redondance
  • Capacités d’écoute et d’apprentissage

Contribution à ce qui nous dépasse

Il y a 2 milliards d’années, de petites cellules indépendantes ont été absorbées par une cellule plus grande. Elles se sont acclimatées, tout en conservant leur propre identité. Elles sont devenues des organites spécialisés, véritables centrales énergétiques de la cellule. C’est l’endosymbiose.

Être soi dans un plus grand que soi. Toute une philosophie !

Sketchnote décrivant par un schéma les enseignement principaux de la masterclass à travers des mots clés, des flèches décrivant des relations entre les notions

Sketchnote réalisé par Jessica Maitte, freelance engagée formée à la facilitation graphique

Conclusion

Les talents de la vie ont fait leurs preuves en matière d’innovation, de création de richesse, d’organisation, de structuration de matière et d’information. C’est exactement ce qui est attendu des entreprises, qui sont des organismes vivants dans lesquels travaillent d’autres êtres vivants. Cependant, le Vivant a une compétence que les entreprises n’ont pas : fonctionner sans apport extérieur, en utilisant le soleil comme seule source d’énergie.

Toutes les solutions sont autour de nous.

Comment écouter le Vivant ?

Comment poser les bonnes questions ?

C’est la méthodologie structurée et la posture éthique que propose le biomimétisme.

Si nous avions une seule question à poser au Vivant : 

Pourquoi es-tu toujours là après 4 milliards d’années ?

Pour aller plus loin 

Si toi aussi, comme Adélaïde et les autres freelances engagé⸱es de la communnauté, tu veux faire partie de notre collectif et accéder à des masterclass inspirantes comme celle-ci, rejoins-nous ici … Déjà plus de 40 replays disponibles, plus toutes celles à venir !

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